Le 26 septembre 2019, un incendie a touché les installations d’enfûtage et d’entreposage de l’usine de produits chimiques de la société Lubrizol, ainsi qu’un entrepôt voisin de la société NL Logistique. Cet événement a engendré le déversement d’une partie des eaux d’extinction dans la Seine, au niveau du bassin aux bois à Rouen. Le plan POLMAR a été déclenché, avec la mise en place d’un barrage flottant en sortie de bassin et la création d’un contre-courant pour concentrer les polluants vers le fond du bassin et faciliter leur pompage. Rapidement, des questions se sont cependant posé 1) sur l’altération de la qualité de l’eau de la Seine à court et moyen terme et 2) sur l’impact écotoxique sur la faune aquatique de la Seine à moyen et long terme.
Concernant l’altération de la qualité de l’eau, des campagnes d’échantillonnage d’eau, de sédiments et d’organismes aquatiques sont menées par divers acteurs (services de l’Etat, exploitants, scientifiques,…) pour des analyses chimiques. L’objectif est de caractériser la pollution et de renseigner son évolution temporelle (court et moyen terme) et spatiale (dans le bassin, à proximité immédiate et à plus grande distance ). Des tests de toxicité en laboratoire sont également en cours pour caractériser la toxicité de la pollution et son ampleur.
Concernant l’impact sur la faune aquatique, une campagne de biomonitoring actif (caging) a été déployée le 13 novembre pour une durée de 1 mois. Il s’agit d’exposer des poissons (flet) et des crustacés (crevette) en Seine (site à Petit-Couronne) et de suivre un panel d’indicateurs de santé des organismes (fitness, génotoxicité, neurotoxicité,…). L’objectif est de comparer les valeurs obtenues à celles mesurées les années précédentes, pour apporter des éléments sur l’impact potentiel de l’événement sur la faune aquatique à moyen terme. Ce déploiement s’appuie sur des méthodologies développées dans le cadre du programme scientifique Seine-Aval (projet SA6 HQ-Fish ; projet SA5 ECOTONES ; projet ZA-Seine BIOSURVEILLANCE) pour répondre à une situation exceptionnelle. Il fait l’objet d’un financement complémentaire du GIP Seine-Aval au projet HQ-Fish, pour mener une campagne comparables à celles réalisées en 2017 et 2018.
L’interprétation croisée des résultats issus de ces nombreuses campagnes devra permettre de répondre à la question de l’impact de l’événement sur l’estuaire de la Seine.
